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l’Ivoirien qui a dompté le manioc, livre son secret !

Directeur de l’entreprise ZATWA IMPEX, Mohamed Diaby est titulaire d’un Master en Finance de marchés et Gestion des risques. A la tête d’une équipe de 6 personnes, il essaie d’apporter un souffle nouveau au monde agri-cultural en Côte d’Ivoire. Avec sa société ZATWA IMPEX, spécialisée dans le négoce de fruits et denrées alimentaires Africain, il exporte des fruits tel que la Noix de coco vers plusieurs destinations à travers le monde (Europe, Amérique, Russie, Israël…). Riche de toutes ces expériences, Mohamed Diaby a orienté depuis peu sa stratégie commerciale vers la transformation de produits agricoles. Ainsi, a-t-il investi dans une ligne de transformation de manioc en produits dérivés tels que l’Attieke, le Placali, le Saka-saka (des produits baptisés ZEGUEN by Zatwa). Afrique-sur7 est allé à la rencontre de ce jeune entrepreneur.

Comment vous êtes venue l’idée de la (re) valorisation des produits alimentaires Africain, notamment le manioc?

Mohamed Diaby: Au cours de nos rencontres professionnelles, les gens nous demandaient pourquoi ne commercialisez-vous pas vos produits localement ? Nous avons pris cela en considération car nous étions déjà dans une dynamique qui tendait plus vers la valorisation des produits de notre terroir mais aussi de la sous-région. Soucieux de la satisfaction clientèle mais encore plus de la population ivoirienne, nous avons créé quelque chose de nouveau et apporter une amélioration en termes d’hygiène, de qualité et de sécurité alimentaire. Nous avons porté notre premier choix de valorisation sur le manioc pour sa disponibilité et aussi car c’est un légume qui se consomme massivement et par quasiment tous les Africains et Hispaniques car nous faisons d’abord de l’export. Mais cela ne suffisait pas pour compléter notre vision, il fallait un packaging et une identité au produit, donc un nom de marque.

Où et comment se fait le packaging de vos produits ? 

Mohamed Diaby: Nous préparons tous nos produits sur un seul et même local qui est notre site à Bassam. Sur ce site nous travaillons le manioc depuis l’épluchage jusqu’à la mise en sachet des produits transformés en suivant un processus normé et protocolaire pour assurer un produit de qualité aux consommateurs. Quand l’usine tourne à temps plein, nous employons entre 40 à 100 contractuelles par jour pour assurer la satisfaction clientèle. Il est par ailleurs important de préciser que les femmes représentent 95% de cet effectif. Le packaging que nous proposons aujourd’hui à notre audience répond à plusieurs besoins et critères. Avant, quand on se servait de l’Attiéké, il fallait attacher le sachet après s’être servi. En termes d’hygiène, on dépose de par ce geste des germes favorisant la détérioration du produit et réduit la durée de conservation. De plus, ces mêmes sachets conventionnels sont fragiles et dangereux pour l’environnement. Il est vrai que cette formule marche encore mais notre packaging est plus résistant et c’est un Zip bag sur lequel vous appuyer juste sur la ceinture du sachet pour le refermer. Vous pouvez conserver le produit jusqu’à 10 jours au frigo sinon jusqu’à 4 mois au congélateur et le produit reste intacte sans tâche ou moisissure.

Puisque vous en parliez tout à l’heure, qu’est-ce qui vous a inspiré le nom de la marque?

Mohamed Diaby: Pour finir le nom de marque « ZEGUEN BY ZATWA ». L’Attiéké en Côte d’Ivoire est comme notre riz, nous le mangeons avec divers accompagnements et donc il nous fallait un nom qui parle à notre première audience qui sont les Ivoiriens. C’est une identité pour nous en tant qu’Ivoirien mais surtout en tant qu’Africain car nous nous considérons telle une entreprise Africaine. C’est d’ailleurs pour cela que sur les packagings, vous avez des couleurs et des masques Africains avec la carte d’Afrique pour rappeler qui nous sommes et d’où viennes ces produits. Par ailleurs, nous encourageons la population à manger sainement. Le manioc est un légume riche en nutriments. Alors l’’Attiéké « ZEGUEN BY ZATWA » peut être consommer sans modération.

Comment arrivez-vous à vous approvisionner en produits bruts?

Mohamed Diaby: Dépendant des produits, nous nous approvisionnons à travers notre réseau de coopératives et revendeurs. Concernant le Manioc, nous achetons pour le moment avec des revendeurs dit propriétaires des bâchés qui vont chercher le manioc dans les champs des paysans. Parallèlement, nous sommes en train de structurer notre propre chaîne d’approvisionnement autour de producteurs bien sélectionnés avec qui nous allons signer des accords de partenariat pour leur permettre d’avoir un acheteur sûr à tout moment de l’année. La contrepartie serait qu’ils produisent selon un cahier de charges, bien défini qui nous permettra de maitriser la qualité du manioc et éventuellement tendre vers des productions Bio.

On constate qu’en plus de l’Attiéké, il y a aussi le packaging du Placali et d’un autre produit appelé Saka Saka, pouvez-vous nous en dire plus ? 

Mohamed Diaby: Nous transformons le manioc en produits dérivés avec comme produit phare l’Attiéké. Au-delà de l’Attiéké, nous consommons beaucoup de placali ici en Côte d’Ivoire. Donc il était naturel que nous apportions une pâte de manioc/Placali propre et bien présentée à nos consommateurs. Ici la pâte est déjà bien nettoyée, donc nos mamans n’ont plus besoin de tamiser ou filtrer la pâte. Il suffit de mettre de l’eau chaude dans sa marmite et on commence à retourner la pâte pour faire son placali. Cela parait simple dans la vulgarisation utilisée, mais il y a des normes à respecter en termes de dosage des composants. En Revanche, les feuilles de manioc sont consommées par les communautés Centre-Africaines et Hispaniques. Ici en Côte d’Ivoire, les gens de l’Ouest le consomment avec de l’huile rouge de Palme et nous connaissons cela sous le nom de « BAWIN ».

Quel message voulez-vous faire passer à travers tout cela ? 

Mohamed Diaby: Une nation se développe en maitrisant d’abord l’Éducation, la Santé, son industrie du « Hard »; donc les minerais mais aussi son industrie du « Soft »; donc les ressources agricoles. Il est important que nous transformions de plus en plus nos ressources naturelles mais aussi que nous puissions en extraire des produits qui respect nos standards mais aussi les standards internationaux. Dans tout ce schéma, ce sont des millions d’emplois qui sont créés pour assurer le développement de notre continent. À cela, il faut ajouter qu’il est important que nous consommions les produits de chez nous et que nous encouragieons les initiatives visant à promouvoir notre histoire, notre culture et nos valeurs.

Quand on voit ces jeunes Africains qui meurent dans la Méditerranée ou le désert, voulant coûte que coûte rejoindre l’Europe, quels conseils leur donner ?

Mohamed Diaby: Personnellement, j’ai étudié en Europe et je suis parti d’Abidjan en 2006 pour mes études supérieures et déjà à cette époque, il n’y avait plus rien comme opportunités en Occident. Nous sommes emballés par ce mythe que nous allons y trouver une Utopie et ça sera la fin de notre galère, alors que ce n’est que le début de la galère et des humiliations. Pour partir de façon clandestine, chaque individu va débourser au moins € 2000 à 3000. Avec cet argent on peut déjà commencer à se construire un avenir ici en Afrique. Il suffit d’abord d’identifier ce que l’on veut faire, se rassurer qu’on a une idée tangible et qui serait rémunérateur. Par la suite il faut structurer ces idées et commencer à se lancer tout en s’entourant de personnes qui peuvent bien nous conseiller.

Ah bon…

Mohamed Diaby: Oui! Avoir beaucoup d’argent mais des idées pas structurées, c’est très dangereux. Aujourd’hui, avec 100 000 à 500 000FCFA, on peut démarrer un petit champ de tomate, de piment et autre… Pour vous dire en produisant du gombo frais pour l’export, on fait plus de marges à la tonne que si on vendait de la noix de cajou. La différence est que ces deux produits ne sont pas vendus dans les mêmes volumes. Mais il faut avoir une vision, il faut être patient et bien exécuter son plan que de vouloir gagner € 1000 – 2500 par mois étant en Europe dépendant de son statut. Aussi, nous appelons le gouvernement à multiplier les actions encourageant l’entrepreneuriat par des financements à taux zéro ou réduit pour soutenir le développement, des concours pour gagner en visibilité, et bien d’autres actions.

SOURCE : Par David Yala – Afrik-sur7


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