COVID-19: Masque obligatoire à Abidjan
Le covid-19 est en train de gagner toute la Côte d’Ivoire avec pour épicentre Abidjan. Les chiffres le démontrent chaque jour. Abidjan demeure l’épicentre de la pandémie à COVID-19 avec plus de 90% des cas confirmés.Les chiffres sans cesse croissant avec le franchissement de la barre des 200 cas suscitent des interrogations. Jusqu’à quand assisterons-nous à cette hausse vertigineuse des cas confirmés ? Pourtant, la riposte ivoirienne après des balbutiements au décollage semblait trouver sa vitesse de croisière avec les mesures annoncées par le premier ministre lors de son adresse à la nation le 31 mars 2020. Mais l’intervention du Directeur général de la santé le vendredi 3 avril 2020 dans laquelle il confesse la généralisation de la pandémie dans le tout Abidjan et préconise désormais le port obligatoire du masque par les Abidjanais n’est pas faite pour ramener la sérénité au sein des populations.
Après avoir martelé que les masques étaient inutiles contre le coronavirus quand on n’est pas malade, le discours officiel a changé, au risque d’alimenter la confusion au sein des populations. Le Professeur SAMBA Mamadou indique que « Le masque a pour effet de nous protéger. L’épidémie est généralisée notamment à Abidjan. II n’est pas raisonnable aujourd’hui de se balader à Abidjan sans un masque. Le port du masque dans cette ville doit être obligatoire ». Les habitués des points de presse de cette autorité sanitaire se souviendront que qu’elle indiquait courant mars que le port du masque n’était pas nécessaire et que le lavage des mains était la mesure barrière la plus importante à observer. Quid du port des gants, « Ceux qui portent des gants s’oublient souvent, et se touchent le visage avec ces gants souillés. Raison pour laquelle on conseille de ne pas utiliser de gants tout le temps » a fait savoir le Directeur Général de la santé. On s’y perd à la fin. « Ne pas utiliser les gants tout le temps » indique que chaque ivoirien devra donc juger de l’opportunité ou non de les porter. Comment expliquer cela à des masses laborieuses le plus souvent analphabètes quand bien même cela ne soit pas très évident pour l’intellectuel de la ville.
Aujourd’hui cette volte-face à 360° indique clairement que nos autorités naviguent à vue dans ce combat contre cet ennemi invisible qui est pourtant là et nous accule plus dangereusement chaque jour. La décision de réunir tous les requérants d’une autorisation de sortie d’Abidjan (ville forte de plus de 4 millions d’habitants) en un seul lieu et sursoir à cette décision à l’épreuve du terrain est le signe que la riposte est encore balbutiante et fébrile.Le Directeur Général de la Santé indique que cette mesure de port obligatoire du masque est pour seulement la ville d’Abidjan alors que l’on sait aujourd’hui que des cas ont été observé à l’intérieur du pays tant au Nord (Korhogo), centre (Bouaké) et l’ouest (Duékoué), sud-ouest (San-Pédro). Va-t-on attendre que ces villes soient aussi touchées qu’Abidjan pour y instaurer le port obligatoire du masque ? N’était-il pas opportun d’étendre cette mesure à tout le pays afin de limiter la propagation ?
L’on assiste encore à des cas d’indiscipline et d’insubordination de certains concitoyens qui rusent avec les mesures prises par les autorités. C’est le cas de ce pasteur et ses fidèles interpellés dimanche 29 mars 2020 à Daloa par la police pour violation de la mesure d’interdiction de rassemblement public prise par le gouvernement. Les cas de violation de ces mesures sont légion. À Abidjan comme à l’intérieur du pays les populations continuent de vivre comme s’il n’y avait pas péril en la demeure. Les taxis prennent toujours le nombre habituel de passagers, les marchés sont toujours bondés et on s’en fout des mesures barrières. Seules quelques personnes portant un masque vous rappellent de temps en temps que la menace du coronavirus est là et bien réelle.
Une chose est de prendre les mesures une autre est de les appliquer. Les moyens de coercition devront être renforcés si nous voulons mettre réussir cette guerre. L’absence de port de masque dans les jours à venir à Abidjan sera-t-elle passible de contravention ? En existe-t-il en nombre suffisant pour tous les Abidjanais et à quel prix ? Il faut donc tenir compte de tous ces paramètres et très rapidement étendre cette mesure à l’ensemble du pays si tant est qu’elle est la solution. C’est pourquoi cette bataille appelle la contribution de tous. Le système de riposte est encore loin d’être parfait et appelle toutes les énergies.
Source : Opera News Hub